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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/366

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L’ÉCOLE ASTRONOMIQUE DE VIENNE

Roger Bacon, et Bernard de Verdun l’avait systématiquement appliquée. Dès le commencement du xive siècle, elle était d’usage courant dans les écoles, et Georges l’avait certainement rencontrée dans la plupart des livres où il avait commencé d’étudier l’Astronomie.

En vain, d’ailleurs, chercherait-on rien de nouveau dans les Theoricæ novæ planetarum ; ce n’est pas ce que l’auteur se propose de donner ; il ne fait pas œuvre d’inventeur, mais de professeur ; aussi clairement, aussi simplement qu’il le peut faire, il présente les doctrines reçues, sans songer à les discuter. Tout au plus fait-il une légère exception au sujet du mouvement des étoiles fixes ; à l’exposition du système qui a servi à construire les Tables alphonsines, il joint une description sommaire du système de Ptolémée et du système de Thâbit ben Kourrah et il indique brièvement les raisons qui ont fait préférer une hypothèse plus compliquée.

Georges de Peurbach n’a eu d’autre objet que d’écrire un livre élémentaire où fussent évités les défauts qu’il reprochait aux Theoricæ planetarum de Gérard de Crémone ; or les griefs de Georges contre cet ouvrage, nous les connaissons, et nous savons qu’ils ne portaient point du tout sur les hypothèses astronomiques.

En 1474 ou 1475, Régiomontanus publiait à Nuremberg un Dialogus contra Gerhardi Cremonensis in Planetarum theoricas deliramenta[1]. Voici quelle est la fiction de ce dialogue.

La scène se passe à Rome, devant Saint-Pierre, le pape vient de mourir ; ce pape se nommait Pie ; il s’agit donc de Pie II, du célèbre Œneas Sylvius Piccolomini et nos esprits se reportent à l’année 1464 ; deux jeunes gens, qui venaient prier pour le pape défunt, se rencontrent. ; leur conversation nous apprend bientôt que chacun d’eux fait partie de la suite d’un cardinal ; l’un, Jean, vient de Vienne ; notre Régiomontanus parle par ses lèvres ; l’autre est de Cracovie.

Le nom de la planète Mercure, qui s’est présenté dans la conversation, rappelle à la mémoire de Cracoviensis le passage des Theoricæ où Gérard de Crémone parle du mouvement de cet astre. Tout aussitôt, Viennensis déclare à son ami que cet

  1. Les éditions ultérieures de cet opuscule sont très nombreuses ; il est fort souvent joint aux Novæ theoricæ planetarum de Georges de Peurbach ; il se rencontre dans les collections de traités astronomiques dont nous rappelions l’existence p. 141, note.