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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/367

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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

ouvrage ne vaut rien. On va chercher le livre et le jeune astronome viennois détaille à son interlocuteur les diverses erreurs qu’on y rencontre. Or il’s’agit uniquement d’erreurs de Géométrie, de fautes techniques ; aucun des reproche formulés n’a trait à quelque hypothèse astronomique ou à quelque principe de Physique.

L’Épitôme in magnam compositionem Ptolemæi ne marque pas, chez ses auteurs, moins d’indifférence pour tout sujet étranger à l’art de l’astronome. Au début de la Grande Syntaxe, Ptolémée formulait et discutait les postulats fondamentaux du système qu’il allait exposer. Ce qu’il en a dit se trouve, par Peurbach et Régiomontanus, résumé avec une sèche fidélité ; mais aucune remarque, aucune réflexion nouvelle ne le vient enrichir, alors même que la question a été, dans les écoles du Moyen Âge, l’objet de débats importants et prolongés.

Reproduisons, pai’exemple, le court chapitre[1] où nos auteurs « déclarent que la terre n’a pas de mouvement local ».

« Il résulte de ce qui précède que la terre n’a pas de mouvement de translation ; un tel mouvement, en effet, l’obligerait à quitter le centre du Monde, supposition que nous avons précédemment exclue.

» Il faudrait, d’ailleurs, que la terre, sous l’action de sa masse, se mût très vite ; alors, les corps moins pesants qui sont en contact avec la terre, se trouveraient laissés en arrière au sein de l’air, à supposer que tous les graves fissent effort vers un même terme, ce qui n’apparaît nulle part.

» La terre n’a pas davantage de mouvement de rotation. Si elle tournait, en effet, d’Occident en Orient autour de son axe, tous les corps qui se meuvent au sein de l’air paraîtraient toujours se mouvoir vers l’Occident, car ils ne pourraient suivre le mouvement de la terre. Or les nuages en mouvement et les oiseaux qui volent nous donnent fréquemment occasion d’éprouver le contraire.

» La même chose aurait lieu si vous supposiez que l’air se mût avec la terre de ce même mouvement.

» Enfin la terre ne peut tourner autour d’aucun autre axe ; car s’il en était ainsi, le hauteur du pôle nous semblerait variable, à nous qui demeurons en repos à la surface de la terre ; comme

  1. Georgii Purbachii et Joannis de Monte Regio Epitome in Cl. Ptolemæi magnam compositionem ; lib. I, conclusio V ; éd. cit., p. 10, col. b, et p. 11, col. a.