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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/380

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Chapitre VI
PAUL DE VENISE
I
L’AVERROÏSME DE PAUL DE VENISE
LA THÉORIE DE L’INTELLIGENCE HUMAINE


Où la vérité réside-t-elle ?

La faut-il chercher dans les traités d’Aristote et de son Commentateur Averroès qui proposent à la raison humaine une doctrine d’une si ferme rigueur, d’une si puissante unité ?

La faut-il recevoir de l’enseignement de l’Église qui transmet aux fidèles les dogmes que Dieu a révélés ?

Entre ces deux partis, les maîtres des Universités du nord de l’Italie hésitaient grandement lorsqu’une troisième voie leur fut enseignée, qui vint accroître encore leur perplexité. Née des condamnations que l’Église avait prononcées contre les doctrines d’Aristote et d’Averroès, la Science parisienne affirmait que la raison humaine, même délivrée de toute autorité religieuse^ ne saurait souscrire à tous les enseignements du Péripatétisme ; l’expérience s’accorde avec la foi pour les réprouver et pour recommander une Physique nouvelle.

Dès lors, tandis qu’il fallait, sur nombre de points, choisir entre l’autorité du Philosophe et du Commentateur et l’autorité de l’Église, il fallait aussi, en des circonstances multiples et variées, décider entre la Physique péripatéticienne et la Physique parisienne ; c’était une nouvelle cause de discussions embarrassantes.

Il se trouvait, dans les Universités italiennes, des maîtres capables de prendre parti et d’adopter une attitude entièrement nette ; les uns demeuraient fidèles au Péripatétisme d’Averroès et le défendaient jusqu’en ses dernières consé¬