quences ; d’autres se ralliaient sans arrière-pensée à la Science de Paris. Mais il se rencontrait aussi des docteurs dont la pensée, sollicitée par tant de tendances, et si diverses, s’abandonnait ou se refusait successivement à chacune d’elles ; de ceux-ci, renseignement se voyait condamné à de perpétuels flottements, à de continuelles incohérences.
Paul de Venise[1] fut de ces esprits perplexes.
Religieux augustin, dont l’orthodoxie ne fut jamais effleurée par aucun soupçon, il était, nous n’en saurions douter, sincèrement soumis à l’Église. Cependant, son admiration pour Aristote et pour Averroès s’exprime sans aucune réserve ; et c’est aussi sans aucune réserve qu’il enseigne les doctrines péripatéticiennes les plus nettement contraires à la foi chrétienne.
Le culte que Paul professait pour le Philosophe ne perd aucune occasion de se publier.
De toutes les œuvres de Paul Nicoletti, la plus ancienne est vraisemblablement son Exposition sur les huit livres des Physiques qu’il acheva le 30 Juin 1409[2]. Ce n’est pas seulement l’enseignement d’Aristote que ce volumineux ouvrage se propose de nous faire connaître ; ce sont aussi les commentaires qu’Averroès y a joints ; et le titre même est une première affirmation de l’Averroïsme de l’auteur.
Une préface ouvre l’Expositio ; cette préface est un abrégé de l’histoire de la Philosophie ; les sages de l’Hellade y sont, successivement, nommés et loués ; Platon vient à la fin de cette élogieuse énumération. « Mais, parmi les disciples de Platon, il en est un qui a brillé à juste titre, et de la gloire la plus excellente ; c’est Aristote, le père suprême de toute la Philosophie, le premier des Péripatéticiens. » Quelles parties Aristote a distinguées dans l’ensemble de la Philosophie, Paul nous le dit, puis il poursuit en ces termes : « Qui donc s’est enquis de toutes ces questions avec plus de curiosité qu’Aristote ? qui les a découvertes avec plus de science ? qui les a considérées
- ↑ Nous avons donné précédemment, d’après M. F. Momigliano, une courte notice biographique sur Paul de Venise. (Voir : Seconde partie, ch. X, § XI ; t. IV, p. 280-283.)
- ↑ Expositio Pauli Veneti super octo phisicorum libros Aristotelis necnon super comento Averois cum dubiis ciusdem. — Colophon : Explicit liber Phisicorum aristotelis : expositus per me fratrem Paulum de Uenetijs : artium liberalium et sacre theologie doctorem : ordinis fratrum heremitarum beatissimi Augustini. Anno domini Mccccix die ultima mensis Junii : qua festum celebratur commemorationis doctoris gentium et christianorum apostoli Pauli. Impressum Uenetijs per providum virum dominum Gregorium de Gregorijs. Anno nativitatis domini Mccccxcix die xxiij mensis Aprilis.
