aurait un haut et un bas, et les corps simples de chaque espèce se grouperaient avec les corps simples de même espèce. »
Contre la possibilité de plusieurs mondes, Aristote a tenté de dresser une réduction à l’absurde ; s’il existait deux mondes, on pourrait, à son gré, démontrer également ces deux propositions contradictoires : La terre d’un monde se mouvrait vers le centre de l’autre monde. La terre d’un monde ne se mouvrait pas vers le centre de l’autre monde. La coexistence de deux mondes est donc impossible.
« Mais selon la vérité des choses, elle est possible, car la foi nous assure que Dieu peut créer plusieurs mondes. Nous n’avons v donc pas ici un raisonnement concluant : S’il y avait plusieurs mondes, la terre de l’un se mouvrait vers le centre de l’autre. En effet, tandis que la conclusion est fausse, la prémisse pourrait être vraie.
» Lors même que la terre de ce monde-ci serait de même espèce que la terre de l’autre monde, comme elle en est numériquement différente, il n’est pas nécessaire qu’elle se meuve, en vertu de sa propre nature, vers le centre de l’autre monde. Toutefois, si une puissance surnaturelle prenait la totalité ou une partie de la terre de ce monde-ci et la plaçait dans la concavité céleste de l’autre monde, elle se mouvrait vers le centre de l’autre monde. »
Ce que nous venons de lire, c’est bien le résumé des pensées par lesquelles Nicole Oresme avait retrouvé la doctrine de Plutarque, dont il n’avait sans doute aucune connaissance. Du trésor d’idées audacieusement nouvelles qu’avait accumulé la Physique parisienne au xive siècle, Georges de Bruxelles et Thomas Bricot ont su garder quelques précieuses paillettes.
En commentant le second livre du traité Du Ciel et du Monde, nos auteurs parlent longuement des systèmes astronomiques ; mais bien qu’assez détaillé, ce qu’ils en disent n’est guère intéressant, car on y reconnaît sans peine l’exposition de Nicolaus de Orbellis, diluée dans de confuses discussions ; les phrases mêmes du maître franciscain s’y retrouvent mot pour mot. Mais en copiant, Georges de Bruxelles copie mal et transforme des renseignements exacts en de grossières erreurs.
Nicolaus de Orbellis avait dit :