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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

faisait quelquefois les cornes, et cela faisait honneur à mon grand-père. Le roi riait et mon grand-père riait aussi ; comme il avait du courage et de l’honneur, sans compter celui de ma grand’mère, ces qualités étaient respectées de François Ier ; ce prince aimait l’honneur, la guerre, les lettres et les filles, comme tous les rois de France les ont aimés.

Le dieu Xenoti, ou le Tien avait chéri mon grand-père, parce qu’il était juste et bienfaisant. Il lui apparut la veille de sa mort, lui dit : « Père Xan-Xung, vous avez fait du bien indifféremment à tous les hommes ; il faut que je vous en fasse ; les dieux s’honorent d’imiter l’exemple des mortels sages ; demandez ce qu’il vous plaira, je vous l’accorderai. » Mon grand-père demanda le bonheur d’être encore utile aux hommes jusqu’à la dernière année de grâce.

Le dieu de la Chine n’était point comme les autres dieux, qui promettent des champs pleins de lait, de fromage, de richesses comme celles de Crésus, des guerriers comme Alexandre ou Henri IV, et qui, après ces belles promesses, ne sont que des usuriers, des gueux et des vilains. Le Tien ne voulait tromper personne ; il dit à mon grand-père : « Papa Xan-Xung, aussitôt que vous serez mort, vous ferez embaumer votre corps à la façon ancienne des Égyptiens ; j’aime les Égyptiens, ils m’ont changé en oignon. Après cinquante et un jours que vous serez momifié, chaque fois que l’on vous soufflera au derrière, vous par-