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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

lerez pendant douze heures. Ce souffle sera comme la clef d’une montre, il remontera le jeu de vos organes. Cependant, comme la curiosité est un péché aux yeux purs des dieux, celui qui soufflera à votre derrière sera puni dans l’instant : vous êtes attaqué d’une diarrhée, vous périrez demain avec une partie de la partie morbifique qui restera dans vos intestins ; et dans le moment qu’on vous soufflera au derrière, vous déchargerez dans la physionomie du souffleur une quantité raisonnable de cette matière louable. Je suis fâché de ne pouvoir faire la chose plus galamment ; vous savez que quand les dieux accordent des grâces, ils ont toujours des si conditionnels ; je ne puis en conscience m’écarter de l’usage de mes confrères, qui ne donnent jamais de grâces plénières, crainte de faire tort au Moufti.

« Vous aurez soin d’insérer clairement cet article dans votre testament ; les hommes et les dieux ne sauraient apporter trop d’attention à leur testament. Dans le temps que vous recevrez le don de la parole et de la vue, vous jouirez de l’intelligence, parce qu’il est impossible de raisonner sans intelligence, excepté dans les missions.

« Comme les gestes me déplaisent depuis longtemps dans la conversation, dans les prédicateurs, au café Procope, au Palais-Royal et chez le convulsionnaire[1] vous ne pourrez remuer ni gesticuler. »

  1. Le grand Le Kain.