Page:Dulaurens - Imirce, ou la Fille de la nature, 1922.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
242
IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

la Vierge Marie et enterré dans la Sainte Chapelle de Jérusalem avec son bon ami Barrabas… je me rappelle mon catéchisme, c’est un trésor que la mémoire[1]. — Non, Monseigneur ; Xenoti ou le Tien est le Dieu de la Chine… — Eh bien ! ton Tien, qu’a-t-il fait avec ta momie ? — Pour la faire parler, il exige qu’on lui souffle au derrière, et dans le moment qu’on lui souffle au derrière, mon grand-père décharge dans la physionomie du souffleur une quantité honnête de matière louable. — Comment, B…, dit le Monseigneur des menus, tu viens me faire perdre le temps, je dois aller chez la petite… et tu m’amuses avec tes sornettes. » Il me fit chasser à coups de bâton, ses gens ne m’épargnèrent point. Je sentis alors que mon grand-père connaissait la Cour et avait demeuré à celle de François Ier. Je retournai tristement à Paris.

Deux jours après, je fus épris des charmes d’une jeune personne, c’était plutôt une divinité qu’une mortelle ; un esprit cultivé, une raison solide, un cœur tendre et sensible, une confiance immuable formait le caractère et l’âme d’Éphigénie.

Je rencontrai le soir cette belle fille assise sur une pierre, sous les jardins de l’infante ; elle paraissait fatiguée ; je l’abordai avec ce ton aisé qu’on aborde à Paris les filles qu’on trouve le soir isolées le long des Tuileries ou du Luxembourg. Éphi-

  1. Les dévots ne doivent pas s’étonner du discours de M. l’intendant des Menus ; à la Cour, on se pique d’aimer le Roi, et de ne point savoir du tout son catéchisme.