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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

lûmes la lettre du Comte et quantité d’autres de différents endroits.

LETTRE du comte de Tourné à M. Xan-Xung,
sacristain du merveilleux Dressant.
Monsieur,

« Mon bon ami le duc D…, qui vous remettra cette lettre, est précisément, dans ma position ; nous ne sommes propres lui et moi qu’à servir de tremblants aux orgues de quelque cathédrale. Le ruban d’or que j’ai aimé dans l’Ecclésiaste, est retiré. J’ai beau imiter un vieux roi, rien ne paraît. Je couche régulièrement avec deux jolies filles du Vallois imprégnées des vertus de Jean-Jacques ; c’est un remède de M. Tronchin[1] ; les pauvres enfants ont beau m’échauffer, je crois que l’organe valait mieux dans la Palestine ; les Suisses ne profitent de rien. J’aime encore l’image du plaisir, et le tableau donne des envies de le goûter, cela est aussi naturel qu’un curé d’Étampes, qui m’a écrit un sermon, de baiser sa servante. Votre reliquaire turc fera fortune ; et si je suis exaucé, je l’accréditerai chez les amis du frère Nicaise et sur tout le long du lac de Genève : j’ai été l’an dernier à la messe de minuit, j’ai fait mettre cette nouveauté dans les

  1. Des moines ont fait courir le bruit que M. le Comte couche avec deux filles et un P. Capucin. Je tiens cette anecdote des Pères Carmes de l’Église française d’Amsterdam.