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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

affiches pour la province ; je ne tarderai point d’amener les Suisses aux genoux de votre Aoulia, surtout en revenant de la messe de minuit ; vous savez que c’est à Paris la bonne messe, et celle qui fait plus d’honneur au merveilleux Dressant. »

LETTRE de Mme la Duchesse,
Monsieur,

« Je ne sais où est mon mari, depuis six mois que nous sommes unis, comme le sont ordinairement les gens du haut style, ma couche est encore immaculée. M. le Duc est réduit à la lassitude de nos jeunes seigneurs à talons rouges. Intéressez votre merveilleux Dressant que je ne veux point du miracle s’il le réveillait pour cette petite créature de l’Opéra, avec qui mon mari a dit tout son rôlet. Si votre Aoulia m’exauce, il fera fortune. Je tourne dans un grand tourbillon ; j’entraîne les femmes ; en vérité, nous avons plus besoin que jamais du secours d’un pareil fétiche. Nos mères étaient bien nourries, elles étaient grosses comme leurs esprits. Je suis femme de condition, je veux que mes gens et les Aoulia m’obéissent ; tâchez de mettre un peu de récréation dans mon ménage. Je ne sais trop comment je vous écris, je le fais un peu à bâtons rompus ; ma femme de chambre m’impatiente avec son déshabillé, où il y a du jaune ; j’en ai assez dans l’imagination. De jolies choses de ma part à votre Dressant. »