Page:Duliani - La ville sans femmes, 1945.djvu/16

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les connaître, un par un, de voir non seulement leur corps nu, lorsqu’ils se présentaient à la visite médicale, mais aussi leur âme à nu aux heures de confidences.

Quelques descriptions de lieux ou de décors ; la relation d’un certain nombre de faits dont j’ai été un protagoniste ou un témoin, les profils esquissés de nombreux compagnons d’internement, voilà qui constitue la partie documentaire de ce reportage romancé.

Sa qualité romanesque lui vient d’un certain arrangement des événements qui ne respecte pas toujours la chronologie réelle et qui m’a permis de mieux les enchaîner, de les mieux composer et même de mieux leur rendre cette unité que la vie met toujours dans les choses mais avec une lenteur que le lecteur jugerait vite insupportable dans un récit.

Parmi les internés qui furent mes compagnons dans les deux camps où je me suis trouvé, plus de seize nationalités étaient représentées par des hommes de tout âge, depuis 18 jusqu’à 75 ans, de toute condition sociale, depuis le millionnaire jusqu’au gangster ! On imagine la pittoresque et multicolore palette que formait une semblable variété de personnes où toutes les nuances de l’humanité semblaient avoir trouvé place et on conçoit sans effort qu’un journaliste ait été tenté d’y puiser les éléments d’une fresque littéraire.

Au point de vue psychologique et social, j’ai été singulièrement ému par le spectacle de centaines d’hommes brusquement séparés de leurs femmes.

La vie matérielle qui nous a été offerte et imposée ne pouvait être meilleure, étant donné les circonstances, bien entendu.