Page:Duliani - La ville sans femmes, 1945.djvu/17

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Le traitement qu’on nous a fait s’inspirait d’un indiscutable sentiment d’humanité et de générosité. À plus d’un point de vue, ce traitement était presque celui des soldats de l’armée canadienne. Les mêmes rations, la même discipline, les mêmes jeux, les mêmes punitions…

Il n’y avait, en vérité, qu’une grande différence. Une fois par mois, les soldats, eux, allaient chez eux en permission, revoir leur femme, leur mère, leurs filles, leur amie. Nous, nous restions.

Tout le drame des internés était là ! Cela explique, d’ailleurs, le titre de mon livre.

Après ce que j’ai vu, qu’on ne vienne plus me dire que les hommes ne sont pas sensibles à l’Amour ! Il reste un fait sur lequel je désire exprimer franchement, nettement et librement mon opinion. J’estime que la mesure d’internement prise contre un certain nombre de sujets ennemis ou de citoyens canadiens originaires de pays ennemis semblait pleinement justifiée vu la situation politique et la situation militaire au moment où elle fut prise.

Devant le fait tragique et angoissant de la guerre, qu’il ait déclaré celle-ci ou qu’il la subisse, un gouvernement a le devoir le plus strict d’agir de la façon la plus rigoureuse qu’exigent les circonstances pour sauvegarder l’ordre et la sécurité de toute la nation à laquelle on demande de donner sans compter son sang et son argent.

Il se peut que dans l’accomplissement de ce devoir quelques erreurs se produisent, quelques méprises se commettent, et il est naturel que, au moment même, l’individu qui subit l’erreur ou est l’objet de la méprise trouve cela cui-