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DE DU MARSAIS.




XII.

L’Allégorie.


Ἀλληγορία, mutátio, figúra quâ áliud dícitur, áliud significátur, R. Ἀλλο, áliud, ἀγορέω, vel ἀγορεύω, narro conciónor, vel ἄλλη, ália ; ἀγορὰ, cóncio, orátio.


L’allégorie a beaucoup de raport avec la métaphore ; l’allégorie n’est même qu’une métaphore continuée.

L’allégorie est un discours qui est d’abord présenté sous un sens propre, qui paroît tout autre que ce qu’on a dessein de faire entendre, et qui cependant ne sert que de comparaison pour doner l’intelligence d’un autre sens qu’on n’exprime point.

La métaphore joint le mot figuré à quelque terme propre ; par exemple, le feu de vos yeux ; yeux est au propre, au lieu que dans l’allégorie tous les mots ont d’abord un sens figuré ; c’est-à-dire, que tous les mots d’une phrase ou d’un discours allégorique forment d’abord un sens litéral qui n’est pas celui qu’on a dessein de faire entendre : les idées accessoires dévoilent ensuite facilement le véritable sens qu’on veut exciter dans l’esprit ; elles démasquent, pour ainsi dire, le sens litéral étroit, elles en font l’aplication.

Quand on a comencé une allégorie, on doit conserver, dans la suite du discours, l’image dont on a emprunté les premières expressions. Madame des Houlières, sous l’image d’une bergère qui parle à ses brebis, rend compte à ses enfans de tout ce qu’elle a fait pour leur procurer des établissemens, et se plaint ten-


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