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à la lettre tout ce discours d’une bergère, qui, touchée de ne pouvoir mener ses brebis dans de bons pâturages, ni les préserver de ce qui peut leur nuire, leur adresseroit la parole, et se plaindroit à elles de son impuissance ; mais ce sens, tout vrai qu’il paroît, n’est pas celui que madame des Houlières avoit dans l’esprit ; elle étoit ocupée des besoins de ses enfans, voilà ses brebis : le chien dont elle parle, c’est son mari qu’elle avoit perdu : le dieu Pan c’est le roi.

Dacier, Œuvres d’Horace, t. i, p. 211, trois, édit. 1709.

Quint. 1. 8, c. 6, alleg.

Cet exemple fait voir combien est peu juste la remarque de monsieur Dacier, qui prétend qu’une allégorie qui rempliroit toute une pièce, est un monstre, et qu’ainsi l’ode 14 du I. livre d’Horace, O navis referent, etc., n’est point allégorique, quoi qu’en ait cru Quintilien et les comentateurs. Nous avons des pièces entières toutes allégoriques. On peut voir dans l’Oraison de Cicéron contre Pison (1)[1], un exemple de l’allégorie, où, come Horace, Cicéron compare la république romaine à un vaisseau agite par la tempête.



    cum inítium à tempestáte sumpsérunt, incéndio aut ruínâ fíniunt ; quæ est inconsequéntia rerum fœdíssima.

    Quint. l. 8, c. 6. Allegoria.

  1. Neque tam fui tímidus, ut qui in máximis turbínibus ac flúctibus Reipúblicæ navem gubernássem, salvámque in portu collocássem ; frontis tuæ nubéculam, tum collégæ tui contaminátum spíritum pertiméscerem. Alios ego vidi ventos, álias prospéxi ánimo procélias : áliis impendéntibus tempestátibus non cessi, sed his unum me pro ómnium salúte óbtuli.
    Cic. in Pis. n. ix, aliter, 20 et 21.