de la manière comune et simple de parler :
ce qui ne veut dire autre chose, sinon que
les figures sont des manières de parler éloignées
de celles qui ne sont pas figurées, et qu’en un
mot les figures sont des figures, et ne sont pas
ce qui n’est pas figures.
D’ailleurs, bien loin que les figures soient des manières de parler éloignées de celles qui sont naturèles et ordinaires, il n’y a rien de si naturel, de si ordinaire et de si comun que les figures dans le langage des homes. M. de Bretteville après avoir dit que les figures ne sont autre chose que de certains tours d’expression et de pensée dont on ne se sert point comunément,
Eloq. de la Chaire et du Barreau. L. III. ch. i.
ajoute « qu’il n’y a rien de si aisé et de si naturel. J’ai pris souvent plaisir, dit-il, à entendre des paysans s’entretenir avec des figures de discours si variées, si vives, si éloignées du vulgaire, que j’avois
honte d’avoir si long-tems étudié l’éloquence, voyant en eux une certaine rhétorique de nature beaucoup plus persuasive et plus éloquente que toutes nos rhétoriques artificièles ».
En éfet, je suis persuadé qu’il se fait plus de figures un jour de marché à la halle, qu’il ne s’en fait en plusieurs jours d’assemblées académiques. Ainsi, bien loin que les figures s’éloignent du langage ordinaire des homes, ce seroit, au contraire, les façons de parler sans figures qui s’en éloigneroient, s’il étoit possible de faire un discours où il n’y eût que des expressions non figurées. Ce sont encore les façons de parler recherchées, les figures déplacées et tirées de loin, qui s’écartent de la