Page:Dumarsais - Œuvres, t3, 1797.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
DE DU MARSAIS.


manière comune et simple de parler ; come les parures afectées s’éloignent de la manière de s’habiller, qui est en usage parmi les honètes gens.

Les apôtres étoient persécutés, et ils soufroient patienment les persécutions. Qu’y a-t-il de plus naturel et de moins éloigné du langage ordinaire, que la peinture que fait S. Paul de cette situation et de cette conduite des apôtres (i)[1] ? « On nous maudit, et nous bénissons : on nous persécute, et nous soufrons la persécution : on prononce des blasphèmes contre nous, et nous répondons par des prières ». Quoiqu’il y ait dans ces paroles de la simplicité, de la naïveté, et qu’elles ne s’éloignent en rien du langage ordinaire, cependant elles contiènent une fort belle figure qu’on apèle antithèse, c’est-à-dire, oposition : maudir est oposé à benir, persécuter à soufrir, blasphemes à prières.

Il n’y a rien de plus comun que d’adresser la parole à ceux à qui l’on parle, et de leur faire des reproches quand on n’est pas content de leur conduite (2)[2]. O nation incrédule et méchante ! s’écrie Jesus-Christ, jusques à quand serai-je avec vous ! juscques à quand aurai-je à vous soufrir ! C’est une figure très-simple qu’on apèle apostrophe.

  1. (i) Maledicimur, et benedicimus : persecutionem pâtimur, et sustinémus : blasphemâmur, el obsecramus. i. Cor. c. 4. v. 12.
  2. (2) O generâtio incrédula et pervérsà, quo usque ero vobiscum ! Quo usque pâtiar vos. Matt. c. 17. V. 16.