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DE DU MARSAIS.


Oraison funèbre de M. de Montensier..


choses inanimées. « Ce tombeau s’ouvriroit, ces ossemens se rejoinuroient pour nie dire : Pourquoi viens-tu mentir pour moi, qui ne mentis jamais pour persone ? Laisse-moi reposer dans le sein de la vérité, et ne viens pas troubler ma paix, par la flaterie que j’ai haïe ». C’est ainsi que M. Flèchier prévient ses auditeurs, et les assure par cette prosopopée, que la flaterie n’aura point de part dans l’éloge qu’il va faire de M. le duc de Moutausier.

Hors un petit nombre de figures semblables, réservées pour le style élevé, les autres se trouvent tous les jours dans le style le plus simple, et dans le langage le plus comun.

Qu’est-ce donc que les figures ? Ce mot se prend ici lui-même dans un sens figuré. C’est une métaphore. Figure dans le sens propre, est la forme extérieure d’un corps. Tous les corps sont étendus ; mais outre cette propriété générale d’être étendus, ils ont encore chacun leur figure et leur forme particulière, qui fait que chaque corps paroît à nos yeux diférent d’un autre corps : il en est de même des expressions figurées ; elles font d’abord conoître ce qu’on pense ; elles ont d’abord cette propriété générale qui convient à toutes les phrases et à tous les assemblages de mots, et qui consiste à signifier quelque chose, en vertu de la construction grammaticale ; mais de plus les expressions figurées ont encore une modification particulière qui leur est propre, et c’est en vertu de cette modification particulière, que l’on fait une espèce à part de chaque sorte de figure.

L’anthithèse, par exemple, est distinguée des autres manières de parler, en ce que dans


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