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conduisent à la fin. On doit même nous savoir gré de proposer ce qui peut ajouter quelque degré de perfection à l’art, et faire éviter ce qui pourroit le rendre défectueux. C’est ainsi que les arts se sont perfectionnés.

Tous les arts ont leurs principes et leurs règles, indépendamment de tout caprice, parce, qu’ils ont tous une fin, à laquelle ils doivent atteindre, pour remplir leur institution. La peinture d’une bouche doit ressembler à une bouche, et ne doit pas être la figure d’un œil ; le portrait de Louis doit me rapeler l’image de Louis, et s’il me rappelle l’idée de quelqu’autre, le peintre n’a pas rempli son objet.

Les notes de musique ont chacune leur destination ; et si vous voulez me faire chanter mi, fa, sol, il ne faut pas que vous notiez sur la portée, la, si, ut.

Mille raisons d’intérêt, de commodité, de vanité, engagèrent autrefois les hommes à chercher un moyen, pour communiquer leurs pensées aux absens, pour se les rappeler à eux-mêmes, et pour les transmettre à la postérité. Ils inventèrent d’abord des hiéroglyphes, c’est-à-dire, des signes ou symboles, qui n’étoient destinés qu’à faire entendre le fond de la pensée, à-peu-prés comme le chou pendu à une porte indique que c’est là que l’on vend du vin. Enfin, après bien des recherches, ils eurent le bonheur de trouver ces petites figures que nous appelons lettres, dont chacune est destinée à être le signe de quelqu’un des sons particuliers, qui entrent dans la composition des mots.

L’art, qui apprend à se servir de ces signes, est appelé orthographe, c’est-à-dire, l’art