Page:Dumarsais - Œuvres, t3, 1797.djvu/277

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d’écrire, selon le but pour lequel l’art a été inventé. L’orthographe étant un art, elle doit avoir des principes, et des principes invariables, car tout art est inventé pour conduire à une fin; les principes de l’art, ce sont les règles, les observations, qui conduisent à cette fin ; or, comme la fin ne change point, les principes doivent aussi être invariables comme elle.

Quelle est la fin de l’orthographe, et quels en sont les principes ? La fin de l’orthographe est de peindre la parole par des signes, qui, selon leur destination une fois fixée et convenue, deviennent l’image des sons particuliers, qui entrent dans la composition des mots.

A l’égard des principes, c’est-à-dire, des moyens que l’on doit nécessairement employer, pour arriver à cette fin, je me contenterai de rapporter ici les deux ou trois principes fondamentaux, dont tous les autres ne sont que des conséquences.

I. L’orthographe doit fournir autant de signes particuliers qu’il y a de sons differens dans une langue, en sorte que chaque son ait sa lettre représentative.

II. Ces signes ou lettres ne doivent jamais être employés l’un pour l’autre ; car alors le signe seroit équivoque, ce qui est le plus grand, défaut qu’un signe puisse avoir.

III. Enfin l’orthographe doit faire tout ce qu’il faut, et ne faire que ce qu’il faut, pour arriver à son but, qui est uniquement de donner les signes propres et incommutables de la prononciation, et les observations nécessaires pour écrire ces signes.