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Page:Dumas.- Grand dictionnaire de cuisine, 1873.djvu/28

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seconde fois, il n’accepta pas la chose aussi doucement que la première : il reprit son arc et ses flèches à l’effet de tuer Jacob, lequel se sauva en Mésopotamie, chez son oncle Laban.

Ce ne fut qu’au bout de vingt ans que Jacob revint au pays natal. Encore eut-il la prudence de s’y faire précéder par deux cents chevaux, vingt-deux boucs, vingt béliers, trente chamelles avec leurs petits, quatre-vingts vaches, trois taureaux, vingt ânesses et dix ânons.

C’était le complément de son plat de lentilles, plat que Jacob, en y réfléchissant, avait trouvé bien usuraire.

L’Olympe antique, avec lequel nous avons fini, n’est pas très-gourmand ; il ne mange que de l’ambroisie et ne boit que du nectar.

Ce sont les hommes qui, sous ce rapport, donnent le mauvais exemple aux dieux.

On ne dit point des festins de Jupiter, des festins de Neptune, des festins de Pluton. Il paraît même que l’on mangeait fort mal chez Pluton, puisque le Destin supposait qu’après six mois passés dans le royaume de son époux, Proserpine pouvait être encore à jeun.

On dit des festins de Sardanapale, des festins de Balthazar.

Nous pouvons même ajouter que ces locutions sont passées en proverbe.

Sardanapale est populaire en France. La poésie, la peinture et la musique se sont chargées de le réhabiliter. Assis sur son trône, près de Myrrha, entouré de ses chevaux, de ses esclaves, que l’on égorge, transparaissant avec un sourire de volupté à travers la fumée et la flamme de son bûcher, il se transfigure et ressemble à ces dieux d’Orient, Hercule ou Bacchus, montant au ciel sur des chars de feu.

Alors toute cette vie de débauches, de luxe, de paresse, de lâcheté, se rachète par le courage des deux dernières années et par la sérénité de l’agonie. Et, en effet, à travers les brèches de Ninive assiégée, on voit d’un côté le Tigre