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est au second, et cette clef en ouvre la porte. —
L’adresse maintenant.
xxxx(Pendant qu’il plie la lettre, madame de Guise relève sa manche,
xxxxxet l’on voit sur son bras des traces bleuâtres.)

LA DUCHESSE DE GUISE.

Que dirait la noblesse de France, si elle savait que le duc de Guise a meurtri le bras d’une femme avec un gantelet de chevalier.

LE DUC DE GUISE.

Le duc de Guise en rendra raison à quiconque viendra la lui demander. Achevez : À M. le comte de Saint-Mégrin.

LA DUCHESSE DE GUISE.

C’était donc bien à lui !

LE DUC DE GUISE.

Ne l’avez-vous pas deviné ?

LA DUCHESSE DE GUISE.

Monsieur le duc, ma conscience me permettait d’en douter, du moins.

LE DUC DE GUISE.

Assez, assez. Appelez un de vos pages, et remettez-lui cette lettre — (Allant à la porte du salon et ôtant la clef.) et cette clef.

LA DUCHESSE DE GUISE.

Ah ! monsieur de Guise ! puisse-t-on avoir plus pitié de vous que vous n’avez eu pitié de moi !

LE DUC DE GUISE.

Appelez un page.

LA DUCHESSE DE GUISE.

Aucun n’est là…

LE DUC DE GUISE.

Arthur ne doit pas être loin… et je suis certain qu’au premier coup de votre sifflet d’argent… mais auparavant, madame, faites bien attention que je suis là, derrière ce rideau… un seul signe, un seul mot… cet enfant est mort… et c’est vous qui l’aurez tué… — (Il siffle.) Songez-y, madame…


Scène VI.


Les précédents ; ARTHUR.
AHTHUR

Me voilà ! madame ; Dieu ! grand Dieu ! que vous êtes pâle !…

LA DUCHESSE DE GUISE.

Moi, pâle ! non, tu te trompes… (Lui tendant la lettre et la retirant.) Ce n’est rien… éloigne-toi, Arthur, éloigne-toi…

AHTHUR.

Moi vous quitter quand vous souffrez !… voulez-vous que j’appelle vos femmes ?

LA DUCHESSE DE GUISE.

Garde-t’en bien, Arthur… prends cette lettre… cette clef… et va-t’en… pars… pars…

AHTHUR, lisant.

À monsieur le comte de Saint-Mégrin… Oh ! qu’il sera heureux, madame… je cours !…

(Il sort.)
LA DUCHESSE DE GUISE.

Heureux !… oh ! non… non ; reviens… reviens, Arthur !… Arthur…

LE DUC DE GUISE, lui mettant la main sur la bouche.

Silence ! madame.

LA DUCHESSE DE GUISE, tombant dans ses bras.

Ah !…

LE DUC DE GUISE, l’emportant dans le salon,
et refermant la porte avec une double clef.

Et maintenant, que cette porte ne se rouvre plus que pour lui !