Page:Dumas - Ange Pitou, 1880.djvu/132

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lions que rapportait la gabelle, les traitants en gardaient soixante-dix pour eux.

Aussi, dans une réunion où l’on demandait les états de dépenses, un conseiller jouant sur le mot, dit-il :

— Ce ne sont pas les états particuliers qu’il faudrait, ce sont les états généraux.

L’étincelle tomba sur la poudre, la poudre s’enflamma et fit un incendie.

Chacun répéta le mot du conseiller, et les états généraux furent appelés à grands cris.

La cour fixa l’ouverture des états généraux au 1er  mai 1789.

Le 24 août 1788, monsieur de Brienne se retira. C’en était encore un qui avait assez lestement mené les finances.

Mais en se retirant, du moins, donna-t-il un assez bon avis : c’était de rappeler Necker.

Necker rentra au ministère, et l’on respira de confiance.

Cependant, la grande question des trois ordres était débattue par toute la France.

Siéyès publiait sa fameuse brochure sur le Tiers.

Le Dauphiné, dont les états se réunissaient malgré la cour, décidait que la représentation du tiers serait égale à celle de la noblesse et du clergé.

On refit une assemblée des notables.

Cette assemblée dura trente-deux jours, c’est-à-dire du 6 novembre au 8 décembre 1788.

Cette fois Dieu s’en mêlait. Quand le fouet des rois ne suffit pas, le fouet de Dieu siffle à son tour dans l’air et fait marcher les peuples.

L’hiver vint, accompagné de la famine.

La faim et le froid ouvrirent les portes de l’année 1789.

Paris fut rempli de troupes, les rues de patrouilles.

Deux ou trois fois les armes furent chargées devant la foule qui mourait de faim.

Puis les armes chargées ; lorsqu’il fallut s’en servir, on ne s’en servit point.

Un matin, le 26 avril, cinq jours avant l’ouverture des états généraux, un nom circule dans cette foule.

Ce nom est accompagné de malédictions d’autant plus lourdes que ce nom est celui d’un ouvrier enrichi.

Réveillon, à ce qu’on assure, Réveillon, le directeur de la fameuse fabrique de papiers du faubourg Saint-Antoine, Réveillon a dit qu’il fallait abaisser à quinze sous les journées des ouvriers.