Page:Dumas - Histoire d’un casse-noisette, 1844.djvu/55

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et sans souffler le mot, du côté de la table où étaient les hussards, qui, après avoir posé leurs sentinelles perdues et établi leurs avant-postes, se retirèrent silencieusement dans leurs quartiers de nuit.

Pendant ce temps, Marie ramassait les petites dents du casse-noisette, qu’elle continuait de tenir enveloppé dans son mouchoir, et dont elle avait soutenu le menton avec un joli ruban blanc détaché de sa robe de soie. De son côté, le petit bonhomme, très pâle et très effrayé d’abord, paraissait confiant dans la bonté de sa protectrice, et se rassurait peu à peu, en se sentant tout doucement bercé par elle. Alors Marie s’aperçut que le parrain Drosselmayer regardait d’un air moqueur les soins maternels qu’elle donnait au manteau de bois, et il lui sembla même que l’œil unique du conseiller de médecine avait pris une expression de malice et de méchanceté qu’elle n’avait pas l’habitude de lui voir. Cela fit qu’elle voulut s’éloigner de lui.