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Page:Dumas - Isaac Laquedem, 1853, tome 4.djvu/282

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de lin, sur des lits de pourpre ! Les lumières étaient si brillantes ! les chants si joyeux ! les vins si pétillants ! Peut-être pensaient-ils à moi, et disaient-ils :

« — À cette heure, Clinias est arrivé chez sa mère, et le dieu du sommeil effeuille des pavots sur son chevet. »

Oh ! comme ils se trompaient !… Les cheveux hérissés d’épouvante, les bras raidis de fatigue, tout le corps tressaillant d’angoisse, suspendu au-dessus de l’abîme, ne se rattachant à la vie que par une branche d’arbre pliante que ses mains meurtries étaient près d’abandonner, Clinias repassait en quelques secondes sa vie tout entière : jeunesse, études, adolescence, amour, — tableaux mouvants qui tournoyaient à ses yeux dans le tourbillon du vertige !… Enfin,