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liberté dans ce jardin, baiser l’herbe encore mal relevée sous la pression de son pas ! si j’avais pu recueillir une à une ces fleurs qu’elle avait cueillies ! toucher de mes lèvres les pétales imbibés de carmin qui enrichissent le front penché de l’anémone ; les flèches qui jaillissent du disque d’or de la marguerite ; l’albâtre du jeune lys qui, pareil à une coupe, avait reçu et gardé dans son calice les pleurs de la nuit ; oh ! je crois que j’eusse été heureux, que je n’eusse rien demandé davantage, et que j’eusse dit aux dieux : « Ne soyez point si fiers de vos trônes de nuages, de vos tapis d’azur brodés d’étoiles, de votre ambroisie, de votre nectar, de votre Olympe, car un regard, un mot, une caresse de Meroë peut me faire votre égal !… » Une