Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/113

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— Eh bien, cher duc, dit Louis XV, voilà une éducation faite.

— Oui, sire.

Et la Vauguyon soupira.

— Belle éducation sur ma foi, continua Louis XV.

— Sa Majesté est trop bonne.

— Et qui vous fait bien de l’honneur, duc.

— Sa Majesté me comble.

— M. le dauphin est, je crois, un des savants princes de l’Europe ?

— Je le crois, sire.

— Bon historien ?

— Très bon.

— Géographe parfait ?

— Sire, M. le dauphin dresse tout seul des cartes qu’un ingénieur ne ferait pas.

— Il tourne dans la perfection ?

— Ah ! sire, le compliment revient à un autre, et ce n’est pas moi qui lui ai appris cela.

— N’importe, il le sait ?

— À merveille même.

— Et l’horlogerie, hein ?… quelle dextérité !

— C’est prodigieux, sire.

— Depuis six mois toutes mes horloges courent les unes après les autres, comme les quatre roues d’un carrosse, sans pouvoir se rejoindre. Eh bien, c’est lui seul qui les règle.

— Ceci rentre dans la mécanique, sire, et je dois avouer encore que je n’y suis pour rien.

— Oui, mais les mathématiques, la navigation ?

— Oh ! par exemple, sire, voilà les sciences vers lesquelles j’ai toujours poussé M. le dauphin.

— Et il y est très fort. L’autre soir, je l’ai entendu parler avec M. de Lapeyrouse de grelins, de haubans et de brigantines.

— Tous termes de marine… Oui, sire.

— Il en parle comme Jean Bart.

— Le fait est qu’il y est très fort.