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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/231

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de Votre Majesté. Vous souriez, sire. Je suis fâchée de vous dire alors que c’est que vous ne réfléchissez pas. Les autres favorites, mon cher roi, quand vous aviez assez d’elles, et que votre peuple en avait trop, vous les chassiez, et vous vous faisiez bénir de votre peuple qui exécrait la disgraciée comme auparavant ; mais moi, je n’attendrai pas mon renvoi. Moi, je quitterai la place, et je ferai savoir à tous que je l’ai quittée.

— Oh ! comtesse, vous ne parlez pas sérieusement, dit le roi.

— Regardez-moi, sire, et voyez si je suis ou non sérieuse ; jamais de ma vie, je vous le jure, au contraire, je ne parlai plus sérieusement.

— Vous ferez cette mesquinerie, Jeanne ? Mais savez-vous que vous me mettez le marché à la main, madame la comtesse ?

— Non, sire ; car vous mettre le marché à la main, ce serait vous dire simplement : choisissez entre ceci et cela.

— Tandis ?…

— Tandis que je vous dis : « Adieu, sire ! » et voilà tout.

Le roi pâlit, mais cette fois de colère.

— Si vous vous oubliez ainsi, madame, prenez garde…

— À quoi, sire ?

— Je vous enverrai à la Bastille.

— Moi ?

— Oui, vous, et à la Bastille on s’ennuie plus encore qu’au couvent.

— Oh ! sire, dit la comtesse en joignant les mains, si vous me faisiez cette grâce…

— Quelle grâce ?

— De m’envoyer à la Bastille.

— Hein ?

— Vous me combleriez.

— Comment cela ?