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Cinq minutes après, un papier plié carrément frôla le bourrelet de soie de la porte et la laine du tapis.

La comtesse lut avidement le contenu du billet, écrivit à la hâte quelques mots à M. de Richelieu, qui se promenait dans la petite cour, sous un auvent, avec grande frayeur d’être vu faisant ainsi le pied de grue.

Le maréchal déplia le papier, lut, et, prenant sa course malgré ses soixante-quinze ans, il arriva dans la grande cour à son carrosse.

— Cocher, dit-il, à Versailles, ventre à terre !

Voici ce que contenait le papier jeté par la fenêtre à M. de Richelieu :

« J’ai secoué l’arbre, le portefeuille est tombé. »


LXXIX

COMMENT LE ROI LOUIS XV TRAVAILLAIT AVEC SON MINISTRE.


Le lendemain, la rumeur était grande à Versailles. Les gens ne s’abordaient qu’avec des signes mystérieux et des poignées de main significatives, ou bien avec des croisements de bras et des regards au ciel, qui témoignaient de leur douleur et de leur surprise.

M. de Richelieu, avec bon nombre de partisans, était dans l’antichambre du roi, à Trianon, vers dix heures.

Le comte Jean, tout chamarré, tout éblouissant, causait avec le vieux maréchal, et causait gaiement, si l’on en croyait sa figure épanouie.

Vers onze heures, le roi passa, se rendant à son cabinet de travail, et ne parla à personne. Sa Majesté marchait fort vite.

À onze heures cinq minutes, M. de Choiseul descendit de voiture et traversa la galerie, son portefeuille sous le bras.