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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/249

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— Sire, elle vient de descendre ; je l’ai vue sous l’auvent de la petite cour des cuisines.

— Alors, montrez-moi ses logements comme échantillon.

— À votre désir, répliqua la dauphine.

Et elle introduisit le roi dans l’unique chambre, précédée d’une antichambre et de deux cabinets.

Quelques meubles déjà rangés, des livres, un clavecin, attirèrent l’attention du roi, et surtout un énorme bouquet des plus belles fleurs, que mademoiselle de Taverney avait déjà mis dans une potiche du Japon.

— Ah ! dit le roi, les belles fleurs ! et vous voulez changer de jardin… Qui diable fournit vos gens de fleurs pareilles ? En garde-t-on pour vous ?

— En effet, voilà un beau bouquet.

— Le jardinier soigne mademoiselle de Taverney… Qui est jardinier ici ?

— Je ne sais, sire. M. de Jussieu se charge de me les fournir.

Le roi donna un coup d’œil curieux à tout le logement, regarda encore à l’extérieur, dans les cours, et se retira.

Sa Majesté traversa le parc, et revint au grand Trianon ; ses équipages l’attendaient pour une chasse en carrosse après le dîner, de trois à six heures du soir.

Le dauphin mesurait toujours le soleil.


LXXXI

LA CONSPIRATION SE RENOUE.


Tandis que le roi, pour bien rassurer M. de Choiseul et ne pas perdre son temps à lui-même, se promenait ainsi dans Trianon en attendant la chasse, Luciennes était le centre d’une réunion de conspirateurs effarés qui arrivaient à tire-d’aile auprès de madame Du Barry, comme des oiseaux qui ont senti la poudre du chasseur.