Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/260

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— Je ne le crois pas, cela remue.

— Est-ce un homme ou une femme ?

— Je ne sais trop. J’y vois fort mal.

— Tiens, cela salue.

— Alors ce n’est pas un mort.

Et Richelieu à tout hasard leva son tricorne.

— Eh ! mais, comtesse, dit-il, il me semble…

— Et à moi aussi.

— Que c’est Son Éminence le prince Louis.

— Le cardinal de Rohan en personne.

— Que diable fait-il là ? demanda le duc.

— Allons voir, répondit la comtesse. Champagne, à la voiture brisée, allez.

Le cocher de la comtesse quitta aussitôt la route et s’enfonça sous la futaie.

— Ma foi, oui, c’est monseigneur le cardinal, dit Richelieu.

C’était en effet Son Éminence qui s’était couchée sur l’herbe, en attendant qu’il passât quelqu’un de connaissance. En voyant madame du Barry venir à lui, il se leva.

— Mille respects à madame la comtesse, dit-il.

— Comment, cardinal, vous ?

— Moi-même.

— À pied ?

— Non, assis.

— Seriez-vous blessé ?

— Pas le moins du monde.

— Et par quel hasard en cet état ?

—Ne m’en parlez pas, madame : c’est cette brute de cocher, un faquin que j’ai fait venir d’Angleterre, à qui je dis de couper à travers bois pour rejoindre la chasse, et qui tourne si court qu’il me verse, et en me versant, il me brise ma meilleure voiture.

— Ne vous plaignez point, cardinal, dit la comtesse ; un cocher français vous eût rompu le cou, ou tout au moins brisé les côtes.

— C’est peut-être vrai.

— Consolez-vous donc.