— Oh ! j’ai de la philosophie, comtesse ; seulement, je vais être obligé d’attendre, et c’est mortel.
— Comment, prince, d’attendre ? un Rohan attendrait ?
— Il le faut bien.
— Ma foi, non ; je descendrai plutôt de mon carrosse, que de vous laisser là.
— En vérité, madame, vous me rendez honteux.
— Montez, prince, montez.
— Non, merci, madame, j’attends Soubise, qui est de la chasse, et qui ne peut manquer de passer d’ici à quelques instants.
— Mais s’il a pris une autre route ?
— N’importe.
— Monseigneur, je vous en prie.
— Non, merci.
— Mais pourquoi donc ?
— Je ne veux point vous gêner.
— Cardinal, si vous refusez de monter, je fais prendre ma queue par un valet de pied, et je cours dans les bois comme une dryade.
Le cardinal sourit ; et, songeant qu’une plus longue résistance pouvait être mal interprétée par la comtesse, il se décida à monter dans son carrosse.
Le duc avait déjà cédé sa place au fond, et s’était installé sur la banquette de devant.
Le cardinal se mit à marchander les honneurs, mais le duc fut inflexible. Bientôt les chevaux de la comtesse eurent regagné le temps perdu.
— Pardon, monseigneur, dit la comtesse au cardinal, mais Votre Éminence s’est donc raccommodée avec la chasse ?
— Comment cela ?
— C’est que je vous vois pour la première fois prendre part à cet amusement.
— Non pas, comtesse. Mais j’étais venu à Versailles pour avoir l’honneur de présenter mes hommages à Sa Majesté, quand j’ai appris qu’elle était en chasse : j’avais à lui parler