Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/264

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— Il n’a point un autre nom que celui de comte de Fœnix ?

— Si fait : je l’ai entendu appeler encore…

— Dites, monseigneur, fit la comtesse avec impatience.

— Joseph Balsamo, madame.

La comtesse joignit les mains en regardant Richelieu. Richelieu se gratta le bout du nez en regardant la comtesse.

— Est-ce bien noir, le diable ? demanda tout à coup madame du Barry.

— Le diable, comtesse ? Mais je ne l’ai pas vu.

— Que lui dites-vous donc là, comtesse ? s’écria Richelieu. Voilà, pardieu ! une belle société pour un cardinal.

— Est-ce que l’on vous dit la bonne aventure sans vous montrer le diable ? demanda la comtesse.

— Oh ! certainement, dit le cardinal ; on ne montre le diable qu’aux gens de peu ; pour nous, on s’en passe.

— Enfin, dites ce que vous voudrez, prince, continua madame du Barry ; il y a toujours un peu de diablerie là-dessous.

— Dame ! je le crois.

— Des feux verts, n’est-ce pas ? Des spectres, des casseroles infernales qui puent le brûlé abominablement.

— Mais non, mais non ; mon sorcier a d’excellentes manières ; c’est un fort galant homme, et qui reçoit très bien, au contraire.

— Est-ce que vous ne vous ferez pas tirer votre horoscope par ce sorcier-là, comtesse ? demanda Richelieu.

— J’en meurs d’envie, je l’avoue.

— Faites, madame.

— Mais où cela se passe-t-il ? demanda madame du Barry, espérant que le cardinal allait lui donner l’adresse qu’elle cherchait.

— Dans une belle chambre fort coquettement meublée.

La comtesse avait peine à cacher son impatience.

— Bon, dit-elle ; mais la maison ?

— Maison décente, quoique d’architecture singulière.

La comtesse trépignait de dépit d’être si peu comprise.

Richelieu vint à son secours.