Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/293

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— Vous entendez ? dit Balsamo à la comtesse plongée dans la stupeur. Et ensuite ?

— Ensuite, il congédie le courrier en lui parlant.

— Que lui dit-il ?

— Je n’ai entendu que la fin de la phrase.

— C’était ?…

— « À une heure, à la grille de Trianon. » Le courrier salue et sort.

— C’est cela, dit Richelieu, il donne rendez-vous au courrier à la sortie du travail, comme il dit dans sa lettre.

Balsamo fit un signe de la main, pour commander le silence.

— Maintenant que fait le duc ? demanda-t-il.

— Il se lève. Il tient à la main la lettre qu’on lui a remise. Il va droit à son lit, passe dans la ruelle, pousse un ressort qui ouvre un coffret de fer. Il y jette la lettre et referme le coffret.

— Oh ! s’écrièrent à la fois le duc et la comtesse tout pâles : oh ! c’est magique, en vérité.

— Savez-vous tout ce que vous désiriez savoir, madame ? demanda Balsamo.

— Monsieur le comte, dit madame du Barry en s’approchant de lui avec terreur, vous venez de me rendre un service que je paierais de dix ans de ma vie, ou plutôt que je ne pourrai jamais payer. Demandez-moi ce que vous voudrez.

— Oh ! madame, vous savez que nous sommes déjà en compte.

— Dites, dites, ce que vous désirez.

— Le temps n’est pas venu.

— Eh bien, lorsqu’il sera venu, fût-ce un million…

Balsamo sourit.

— Eh ! comtesse, s’écria le maréchal, ce serait plutôt à vous de demander un million au comte. L’homme qui sait ce qu’il sait, et surtout qui voit ce qu’il voit, ne découvre-t-il pas l’or et les diamants dans les entrailles de la terre, comme il découvre la pensée dans le cœur des hommes ?