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LXXXVII

M. LE DUC D'AIGUILLON.


Autant l’on promenait à Paris et sur la route de Chanteloup de mines grimaçantes et d’yeux rouges, autant à Luciennes on apportait de visages épanouis et de sourires charmants.

C’est qu’à Luciennes, cette fois, trônait, non plus une mortelle, la plus belle et la plus adorable de toutes les mortelles, comme disaient les courtisans et les poètes, mais une véritable divinité qui gouvernait la France.

Aussi, le soir du jour de la disgrâce de M. de Choiseul, la route s’éncombra-t-elle des mêmes équipages qui avaient couru le matin derrière le carrosse du ministre exilé ; de plus, on vit tous les partisans du chancelier, de la corruption et de la faveur, ce qui faisait un cortège imposant.

Mais madame du Barry avait sa police ; Jean savait, à un baron près, le nom de ceux qui avaient été jeter la dernière fleur sur les Choiseul expirés ; il disait ces noms à la comtesse, et ceux-là étaient exclus impitoyablement, tandis que le courage des autres contre l’opinion publique était récompensé par le sourire protecteur et la vue complète de la divinité du jour.

Après la grande file des carrosses et les encombrements généraux, eurent lieu les réceptions particulières. Richelieu, le héros de la journée, héros secret, il est vrai, et modeste surtout, vit passer le tourbillon des visiteurs et des solliciteurs, et occupa le dernier fauteuil du boudoir.

Dieu sait la joie et comme on se félicita ! — Les serrements de main, les petits rires étouffés, les trépignements enthousiastes semblaient être devenus le langage habituel des habitants de Luciennes.

— Il faut avouer, dit la comtesse, que le comte de Balsamo