Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/64

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que le chevalier de Préault le trahirait. Il ne voulut pas me croire, et le chevalier de Préault le trahit.

— Quel singulier rapprochement faites-vous entre mon ancêtre et moi ? dit le cardinal en pâlissant malgré lui.

— C’est uniquement pour vous rappeler qu’il s’agit d’être prudent, monseigneur, en vous procurant des cheveux qu’il vous faudra couper sous une couronne.

— N’importe où il faudra les aller prendre, vous les aurez, monsieur.

— Bien, maintenant voici votre or, monseigneur ; j’espère que vous ne doutez plus que ce soit bien de l’or ?

— Donnez-moi une plume et du papier.

— Pour quoi faire, monseigneur ?

— Pour vous faire un reçu des cent mille écus que vous me prêtez si gracieusement.

— Y pensez-vous, monseigneur ? un reçu à moi, et pour quoi faire ?

— J’emprunte souvent, mon cher comte, dit le cardinal, mais je vous préviens que je ne reçois jamais.

— Comme il vous plaira, mon prince.

Le cardinal prit une plume sur la table, et écrivit d’une énorme et illisible écriture, un reçu dont l’orthographe ferait peur à la gouvernante d’un sacristain d’aujourd’hui.

— Est-ce bien cela ? demanda-t-il en le présentant à Balsamo.

— Parfaitement, répliqua le comte, le mettant dans sa poche sans même jeter les yeux dessus.

— Vous ne le lisez pas, monsieur ?

— J’avais la parole de Votre Éminence, et la parole des Rohan vaut mieux qu’un gage.

— Monsieur le comte de Fœnix, dit le cardinal avec un demi-salut, bien significatif de la part d’un homme de cette qualité, vous êtes un galant homme, et si je ne puis vous faire mon obligé, vous me permettrez d’être heureux de demeurer le vôtre.

Balsamo s’inclina à son tour et tira une sonnette au bruit de laquelle Fritz apparut.