Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/65

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Le comte lui dit quelques mots en allemand.

Fritz se baissa, et, comme un enfant qui emporterait huit oranges, un peu embarrassé, mais nullement courbé ou retardé, il enleva les huit lingots d’or dans leurs enveloppes d’étoupe.

— Mais c’est un Hercule que ce gaillard-là ! dit le cardinal.

— Il est assez fort, oui, monseigneur, répondit Balsamo ; mais il est vrai de dire que depuis qu’il est à mon service, je lui laisse boire chaque matin trois gouttes d’un élixir composé par mon savant ami le docteur Althotas ; aussi, le voilà qui commence à profiter ; dans un an, il portera les cent marcs d’une seule main.

— Merveilleux ! incompréhensible ! murmura le cardinal. Oh ! je ne pourrai résister au désir de parler de tout cela.

— Faites, monseigneur, faites, répondit Balsamo en riant ; mais n’oubliez pas que parler de tout cela, c’est prendre l’engagement de venir éteindre vous-même la flamme de mon bûcher, si, par hasard, il prenait envie au parlement de me faire rôtir en place de Grève.

Et, ayant escorté son illustre visiteur jusque sous la porte cochère, il prit congé de lui avec un salut respectueux.

— Mais, votre valet ? Je ne le vois pas, dit le cardinal.

— Il est allé porter l’or dans votre voiture, monseigneur.

— Il sait donc où elle est ?

— Sous le quatrième arbre à droite en tournant le boulevard. C’est cela que je lui disais en allemand, monseigneur.

Le cardinal leva les mains au ciel et disparut dans l’ombre.

Balsamo attendit que Fritz fût rentré et remonta chez lui en fermant toutes les portes.