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LX

L’ÉLIXIR DE VIE.


Balsamo, demeure seul, vint écouter à la porte de Lorenza.

Elle dormait d’un sommeil égal et doux.

Il entrouvrit alors un guichet, fixé en dehors, et la contempla quelque temps dans une douce et tendre rêverie. Puis, repoussant le guichet et traversant la chambre que nous avons décrite, et qui séparait l’appartement de Lorenza du cabinet de physique, il s’empressa d’aller éteindre ses fourneaux, en ouvrant un immense conduit qui dégagea toute la chaleur par la cheminée, et donna passage à l’eau d’un réservoir contenu sur la terrasse.

Puis, serrant précieusement dans un portefeuille de maroquin noir le reçu du cardinal :

— La parole des Rohan est bonne, murmura-t-il, mais pour moi seulement, et là-bas il est bon que l’on sache à quoi j’emploie l’or des frères.

Ces paroles s’éteignaient sur ses lèvres, quand trois coups secs, frappés au plafond, lui firent lever la tête.

— Oh ! oh ! dit-il, voici Althotas qui m’appelle.

Puis, comme il donnait de l’air au laboratoire, rangeait toute chose avec méthode, replaçait la plaque sur les briques, les coups redoublèrent.

— Ah ! il s’impatiente ; c’est bon signe.

Balsamo prit une longue tringle de fer, et frappa à son tour.

Puis il alla détacher de la muraille un anneau de fer, et, au moyen d’un ressort qui se détendit, une trappe se détacha du plafond, et s’abaissa jusqu’au sol du laboratoire. Balsamo se plaça au centre de la machine, qui, au moyen d’un autre ressort, remonta doucement, enlevant son fardeau avec la même