Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/82

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— Le droit.

Les deux extrémités rapprochées, mais séparées l’une de l’autre par un morceau de soie, s’arrêtèrent sur un muscle du cou.

Aussitôt l’œil droit du chien s’ouvrit, et regarda fixement Balsamo, qui recula effrayé.

— Maintenant, passons à la gueule, veux-tu ?

Balsamo ne répondit rien, il était sous l’empire d’un profond étonnement.

Althotas toucha un autre muscle, et à la place de l’œil, qui s’était refermé, ce fut la gueule qui s’ouvrit, laissant voir les dents blanches et aiguës, à la racine desquelles la gencive rouge frémissait comme dans la vie.

Balsamo eut peur et ne put cacher son émotion.

— Oh ! voilà qui est étrange ! dit-il.

— Vois comme la mort est peu de chose, dit Althotas triomphant de la stupéfaction de son élève, puisqu’un pauvre vieillard comme moi, qui va lui appartenir bientôt, la fait dévier de son inexorable chemin.

Et tout à coup, avec un rire strident et nerveux :

— Prends garde, Acharat, dit-il, voilà un chien mort qui tout à l’heure voulait te mordre, et qui maintenant va courir après toi. Prends garde !

Et en effet, le chien avec son cou tranché, sa gueule béante et son œil tressaillant, se leva soudain sur ses quatre pattes, et la tête hideusement pendante, vacilla sur ses jambes.

Balsamo sentit ses cheveux se hérisser ; la sueur lui tomba du front, et il alla à reculons se coller contre la porte d’entrée, incertain s’il devait fuir ou demeurer.

— Allons, allons, je ne veux pas te faire mourir de peur en essayant de t’instruire, dit Althotas repoussant le cadavre et la machine, assez d’expériences comme cela.

Aussitôt le cadavre, cessant d’être en rapport avec la pile, retomba morne et immobile comme auparavant.

— Aurais-tu cru cela de la mort, Acharat ? dit le vieillard, et la croyais-tu d’aussi bonne composition, dis ?