Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/83

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— Étrange, en effet, étrange ! dit Balsamo en se rapprochant.

— Tu vois qu’on peut arriver à ce que je disais, mon enfant, et que le premier pas est fait. Qu’est-ce que prolonger la vie, quand on est déjà parvenu à annuler la mort ?

— Mais on ne le sait pas encore, objecta Balsamo, car cette vie que vous lui avez rendue est une vie factice.

— Ayons du temps et nous retrouverons la vie réelle. N’as-tu pas lu dans les poètes romains que Cassidée rendait la vie aux cadavres ?

— Dans les poètes, oui.

— Les Romains appelaient les poètes vates, mon ami, n’oublie pas cela.

— Voyons, dites-moi cependant…

— Une objection encore ?

— Oui. Si votre élixir de vie était composé et que vous en fissiez prendre à ce chien, il vivrait donc éternellement ?

— Sans doute.

— Et s’il tombait dans les mains d’un expérimentateur comme vous qui l’égorgeât ?

— Bon, bon ! s’écria le vieillard avec joie et en frappant ses mains l’une contre l’autre, voilà où je t’attendais.

— Alors, si vous m’attendiez là, répondez-moi.

— Je ne demande pas mieux.

— L’élixir empêchera-t-il une cheminée de tomber sur une tête, une balle de percer un homme d’outre en outre, un cheval d’ouvrir d’un coup de pied le ventre de son cavalier ?

Althotas regardait Balsamo du même œil qu’un spadassin doit regarder son adversaire dans un coup qui va lui permettre de le toucher.

— Non, non, non, dit-il, et tu es vraiment logicien, mon cher Acharat. Non, la cheminée, non, la balle, non, le coup de pied de cheval, ne pourront pas être évités tant qu’il y aura des maisons, des fusils et des chevaux.

— Il est vrai que vous ressusciterez les morts.

— Momentanément, oui ; indéfiniment, non. Il faudrait