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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/84

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d’abord pour cela que je trouvasse l’endroit du corps où l’âme est logée, et cela pourrait être un peu long ; mais j’empêcherai cette âme de sortir du corps par la blessure qui aura été faite.

— Comment cela ?

— En la refermant.

— Même si cette blessure tranche une artère ?

— Sans doute.

— Ah ! je voudrais voir cela.

— Eh bien, regarde, dit le vieillard.

Et, avant que Balsamo eût pu l’arrêter, il se trancha la veine du bras gauche avec une lancette.

Il restait si peu de sang dans le corps du vieillard, et ce sang roulait si lentement, qu’il fut quelques temps à venir aux lèvres de la plaie ; mais enfin il y vint, et, ce passage ouvert, il sortit bientôt abondamment.

— Grand Dieu ! s’écria Balsamo.

— Eh bien, quoi ? dit Althotas.

— Vous êtes blessé, et grièvement.

— Puisque tu es comme Saint Thomas, et que tu ne crois qu’en voyant et qu’en touchant, il faut bien te faire voir, il faut bien te faire toucher.

Il prit alors une petite fiole qu’il avait placée à la portée de sa main, et, en versant quelques gouttes sur la plaie :

— Regarde ! dit-il.

Alors, devant cette eau presque magique, le sang s’écarta, la chair se resserra, fermant la veine, et la blessure devint une piqûre trop étroite pour que cette chair coulante qu’on appelle le sang pût s’en échapper.

Cette fois, Balsamo regardait le vieillard avec stupéfaction.

— Voilà encore ce que j’ai trouvé ; qu’en dis-tu, Acharat ?

— Oh ! je dis, maître, que vous êtes le plus savant des hommes.

— Et que, si je n’ai pas vaincu tout à fait la mort, n’est-ce pas, je lui ai du moins porter un coup dont il lui sera difficile de se relever. Vois-tu, mon fils, le corps humain a des os fragiles et qui peuvent se briser : je rendrai ces os aussi durs que l’acier. Le