Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/92

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— On me parle ? dit-il.

— Oui, monsieur l’empressé, oui, monsieur l’utile, dit Jeanne, on vous demande le nom de la personne qui occupe le roi.

Jean se remplit hermétiquement la bouche, et, avec un effort qui leur donna péniblement passage, il prononça ces trois mots :

— Mademoiselle de Taverney.

— Mademoiselle de Taverney ! cria Chon. Ah ! miséricorde !

— Il le sait, le bourreau, hurla la comtesse, en se renversant sur le dossier de son fauteuil et en levant les bras au ciel, il le sait, et il mange !

— Oh ! fit Chon, quittant visiblement le parti de son frère pour passer dans le camp de sa sœur.

— En vérité, s’écria la comtesse, je ne sais à quoi tient que je ne lui arrache pas ses deux gros vilains yeux tout bouffis encore de sommeil, le paresseux ! Il se lève, ma chère, il se lève !

— Vous vous trompez, dit Jean, je ne me suis pas couché.

— Et qu’avez-vous fait alors, gourgandinier ?

— Ma foi ! dit Jean, j’ai couru toute la nuit et toute la matinée.

— Quand je le disais… Oh ! qui me servira mieux que l’on ne me sert ? qui me dira ce que cette fille est devenue, où elle est ?

— Où elle est ? demanda Jean.

— Oui.

— À Paris, pardieu !

— À Paris ?… Mais où cela, à Paris ?

— Rue Coq-Héron.

— Qui vous l’a dit ?

— Le cocher de sa voiture, que j’attendais aux écuries, et que j’ai interrogé.

— Et il vous a dit ?

— Qu’il venait de conduire tous les Taverney dans un petit hôtel de la rue Coq-Héron, situé dans un jardin et attenant à l’hôtel d’Armenonville.