Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/104

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et il est bien triste pour moi, qui ne me mêle en rien à tout ce qui se passe, de me trouver prise dans ce conflit.

— M’est avis, madame, dit le maréchal, qu’il existe de par le monde quelqu’un qui vous aiderait en cette affaire, quelqu’un de bien puissant… Mais cette personne voudra-t-elle ?

— Est-ce trop de curiosité, monsieur le duc, que de vous demander le nom de cette puissance ?

— Votre filleule, dit le duc.

— Oh ! oh ! madame du Barry ?

— Elle-même.

— Au fait, c’est vrai… vous me donnez une idée.

Le duc se mordit les lèvres.

— Vous irez à Luciennes ? dit-il.

— Sans balancer.

— Mais la comtesse du Barry ne brisera pas l’opposition du parlement.

— Je lui dirai que je veux voir mon procès jugé, et comme elle ne peut rien me refuser, après le service que je lui ai rendu, elle dira au roi que la chose lui plaît. Sa Majesté parlera au chancelier, et le chancelier a le bras long, monsieur le duc… Maître Flageot, faites-moi le plaisir de bien étudier mon affaire ; elle arrivera au rôle plus tôt que vous ne croyez : c’est moi qui vous le dis.

Maître Flageot tourna la tête avec une incrédulité qui ne fit pas revenir la comtesse.

Pendant ce temps, le duc avait réfléchi.

— Eh bien, puisque vous allez à Luciennes, madame, voudrez-vous bien y présenter mes très humbles respects ?

— Très volontiers, monsieur le duc.

— Nous sommes compagnons d’infortune ; votre procès est en souffrance, le mien aussi ; en priant pour vous, vous feriez pour moi… En outre, vous pourriez témoigner là-bas du déplaisir que me causent ces têtes carrées du parlement ; vous ajouteriez que c’est moi qui vous ai donné le conseil de recourir à la divinité de Luciennes.

— Je n’y manquerai pas, monsieur le duc. Adieu, messieurs.