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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/107

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— Pauvre dame !

— Il faudrait, madame la comtesse, que le roi prît une résolution.

— Eh ! madame, Sa Majesté est fort disposée : elle exilera MM. les conseillers, et tout sera dit.

— Mais alors, madame, c’est un ajournement indéfini.

— Voyez-vous un remède, madame ? Veuillez nous l’indiquer.

La plaideuse se cacha sous ses coiffes, comme César expirant sous sa loge.

— Il y aurait bien un moyen, dit alors d’Aiguillon ; mais Sa Majesté reculera peut-être à l’employer.

— Lequel ? dit la plaideuse avec anxiété.

— La ressource ordinaire de la royauté, lorsqu’elle est un peu trop gênée en France, c’est de tenir un lit de justice, et de dire : « Je veux ! » alors que tous les opposants pensent : « Je ne veux pas. »

— Excellente idée ! s’écria madame de Béarn dans l’enthousiasme.

— Mais qu’il ne faudrait pas divulguer, répliqua finement d’Aiguillon avec un geste que comprit madame de Béarn.

— Oh ! madame, dit alors la plaideuse, madame, vous qui pouvez tant sur Sa Majesté, obtenez qu’elle dise : : « Je veux qu’on juge le procès de madame de Béarn. » D’ailleurs, vous le savez, c’est chose promise, et depuis longtemps.

M. d’Aiguillon se pinça les lèvres, salua madame Dubarry, et quitta le boudoir. Il venait d’entendre dans la cour le carrosse du roi.

— Voici le roi ! dit madame Dubarry en se levant pour congédier la plaideuse.

— Oh ! madame, pourquoi ne me permettriez-vous pas de me jeter aux pieds de Sa Majesté ?

— Pour lui demander un lit de justice ? je le yeux bien, répliqua vivement la comtesse. Demeurez ici, madame, puisque tel est votre désir.

À peine madame de Béarn avait-elle rajusté ses coiffes que le roi entra.