Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/112

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— Oh ! oui !… dirent en écho, et la comtesse, et Chon, et le chancelier.

— Ce n’est cependant pas ce que le monde dit, murmura le roi.


CI

LE LIT DE JUSTICE.


Il eut lieu, ce fameux lit de justice, avec tout le cérémonial qu’avaient exigé, d’une part l’orgueil royal, de l’autre les intrigues qui poussaient le maître à ce coup d’État.

La maison du roi fut mise sous les armes ; une profusion d’archers à courte robe, de soldats du guet et d’agents de police étaient destinés à protéger M. le chancelier, qui, comme un général en un jour décisif, devait exposer sa personne sacrée pour l’entreprise.

Il était bien exécré, M. le chancelier ; il le savait, et si sa vanité lui pouvait faire redouter son assassinat, les gens mieux instruits des sentiments du public à son égard pouvaient lui prédire sans exagérer un bel et bon affront, ou tout au moins des huées.

Le même revenant-bon était assuré à M. d’Aiguillon, que repoussait sourdement l’instinct populaire, un peu perfectionné par les débats des parlements. Le roi jouait la sérénité. Il n’était cependant pas tranquille. Mais on le vit s’admirer dans son magnifique habit royal, et faire immédiatement la réflexion que rien ne protège comme la majesté.

Il aurait pu ajouter : « Et l’amour des peuples. » Mais c’était une phrase qu’on lui avait tant répétée à Metz, lors de sa maladie, qu’il ne crut pas pouvoir la redire sans être taxé de plagiat.

Le matin, madame la dauphine, pour qui ce spectacle était nouveau, et qui, au fond peut-être, désirait le voir, prit son