Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/138

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« Je jure de révéler au chef que je reconnais d’après les statuts de l’ordre, ce que j’ai vu, fait, pris, lu ou entendu, appris ou deviné, et même de rechercher et épier ce qui ne s’offrirait pas seulement à mes yeux.

« J’honorerai le poison, le fer et le feu comme des moyens d’épurer le globe par la mort ou l’hébétation des ennemis de la vérité et de la liberté.

« Je souscris à la loi du silence ; je consens à mourir comme frappé de la foudre, le jour où j’aurai mérité un châtiment, et j’attends sans me plaindre le coup de couteau qui m’atteindra en quelque lieu de la terre que je sois. »

Alors, les sept hommes qui composaient la sombre assemblée répétèrent mot à mot ce serment, debout et la tête découverte.

Puis, quand les paroles sacramentelles eurent été épuisées :

— Nous voilà garantis, dit Balsamo ; ne mêlons plus d’incidents à notre discussion. J’ai un compte à rendre au comité des principaux événements de l’année.

« Ma gestion des affaires de la France présentera quelque intérêt à des esprits éclairés et zélés comme les vôtres.

« Je commence :

« La France est située au centre de l’Europe, comme le cœur au centre du corps ; elle vit, elle fait vivre. C’est dans ses agitations qu’il faut chercher la cause de tout le malaise de l’organisme général.

« Je suis donc venu en France, et je me suis approché de Paris comme le médecin s’approche du cœur : j’ai ausculté, j’ai palpé, j’ai expérimenté. Lorsque je l’ai abordée, voilà un an, la monarchie fatiguait ; aujourd’hui, les vices la tuent. J’ai dû précipiter l’effet de ces débauches mortelles, et pour cela je les ai favorisées.

« Un obstacle était sur ma route, cet obstacle était un homme, cet homme, c’était non pas le premier, mais le plus puissant de l’État après le roi.

« Il était doué de quelques-unes de ces qualités qui plaisent aux autres hommes. Il était trop orgueilleux, c’est vrai, mais il appliquait son orgueil à ses œuvres ; il savait adoucir la servitude