— Oui. Voulez-vous me donner cette heure ?
— Certainement.
— Où vous verrai-je ?
— Maître, c’est à moi d’aller vous trouver au rendez-vous que vous voudrez bien fixer à votre serviteur.
— Eh bien, dit Balsamo, j’irai chez vous.
— Faites attention à l’engagement que vous prenez, maître ; j’habite une mansarde, rue des Cordeliers. Une mansarde, vous entendez, dit Marat, avec une affectation de simplicité orgueilleuse, avec une fanfaronnade de misère qui n’échappa point à Balsamo, tandis que vous…
— Tandis que moi ?
— Tandis que vous, vous habitez, dit-on, un palais.
Celui-ci haussa les épaules, comme ferait un géant qui, du haut de sa taille, mesurerait les colères d’un nain.
— Eh bien, soit, monsieur, répondit-il, j’irai vous voir dans votre mansarde.
— Quand cela, monsieur ?
— Demain.
— À quelle heure ?
— Le matin.
— C’est qu’au point du jour je vais à mon amphithéâtre, et de là à l’hôpital.
— Précisément, c’est ce qu’il me faut. Je vous eusse demandé de m’y conduire si vous ne me l’eussiez pas proposé.
— Vous entendez, de bonne heure. Je dors peu, dit Marat.
— Et moi je ne dors pas, répondit Balsamo. Ainsi donc, au point du jour.
— Je vous attendrai.
Là-dessus ils se séparèrent, car ils étaient arrivés à la porte de la rue, aussi sombre et aussi solitaire au moment de leur sortie qu’elle était peuplée et bruyante au moment de leur entrée.
Balsamo prit à gauche et disparut rapidement.
Marat l’imita en tirant à droite avec ses jambes longues et grêles.
Balsamo fut exact : à six heures du matin, il heurtait, le lendemain,