Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/150

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à la porte du palier qui, centre d’un long corridor percé de six portes, formait le dernier étage d’une vieille maison de la rue des Cordeliers.

Marat, on le voyait bien, avait tout préparé pour recevoir plus dignement son hôte illustre. Le maigre lit de noyer, la commode à dessus de bois reluisaient de propreté sous le chiffon de laine d’une femme de ménage, qui s’escrimait à tour de bras sur ces meubles vermoulus.

Marat lui-même prêtait une aide active à cette femme et rafraîchissait dans un petit pot de faïence bleue des fleurs pâles et étiolées, le principal ornement de la mansarde.

Il tenait encore un torchon de toile sous le bras, ce qui indiquait qu’il n’avait touché aux fleurs qu’après avoir donné un coup de main aux meubles.

Comme la clef était à la porte et que Balsamo était entré sans frapper, il surprit Marat dans cette occupation.

Marat, à la vue du maître, rougit beaucoup plus qu’il ne convenait à un stoïcien véritable.

— Vous voyez, monsieur, dit-il en jetant sournoisement derrière un rideau le torchon révélateur, je suis homme de ménage, et j’aide à cette bonne femme. Je choisis l’ouvrage, par exemple, ce qui n’est peut-être pas d’un bon plébéien, mais qui n’est pas non plus tout à fait d’un grand seigneur.

— C’est d’un jeune homme pauvre et qui aime la propreté, dit froidement Balsamo, voilà tout. Êtes-vous bientôt prêt, monsieur ? Vous savez que mes moments sont comptés.

— Je passe mon habit, monsieur… Dame Grivette, mon habit… C’est ma portière, monsieur ; c’est mon valet de chambre, c’est ma cuisinière, c’est mon intendant, et elle me coûte un écu par mois.

— Je loue l’économie, dit Balsamo ; c’est la richesse des pauvres, c’est la sagesse des riches.

— Mon chapeau, ma canne, dit Marat.

— Allongez la main, dit Balsamo ; voilà votre chapeau, et sans doute cette canne qui est près de votre chapeau est la vôtre.

— Oh ! pardon, monsieur, je suis tout confus.