Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/151

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— Êtes-vous prêt ?

— Oui, monsieur ; ma montre, dame Grivette.

Dame Grivette se tourna et se retourna, mais ne répondit point.

— Vous n’avez pas besoin de montre, monsieur, pour aller à l’amphithéâtre et à l’hôpital ; on serait peut-être longtemps à la retrouver, et cela nous retarderait.

— Cependant, monsieur, je tiens beaucoup à ma montre, qui est excellente et que j’ai achetée à force d’économie.

— En votre absence dame Grivette la cherchera, répondit Balsamo avec un sourire ; et, si elle cherche bien, à votre retour elle sera retrouvée.

— Oh ! certainement, dit dame Grivette, elle sera retrouvée, si toutefois monsieur ne l’a pas laissée ailleurs ; rien ne se perd ici.

— Vous voyez bien, dit Balsamo. Allons, monsieur, allons.

Marat n’osa point insister et suivit Balsamo tout en grommelant.

Lorsqu’ils furent à la porte :

— Où allons-nous d’abord ? dit Balsamo.

— À l’amphithéâtre si vous voulez, maître ; j’y ai désigné un sujet qui a dû mourir cette nuit d’une méningite aiguë ; j’ai des observations à faire sur son cerveau, et je ne voudrais pas que mes camarades me le prissent.

— Allons donc à l’amphithéâtre, monsieur Marat.

— D’autant plus que ce n’est qu’à deux pas d’ici ; que l’amphithéâtre touche à l’hôpital, et que nous ne faisons qu’entrer et sortir ; vous pouvez même m’attendre à la porte.

— Au contraire, je désire entrer avec vous ; vous me direz votre opinion sur le sujet.

— Quand il était un corps, monsieur ?

— Non, depuis qu’il est un cadavre.

— Holà ! prenez-y garde, dit Marat en souriant ; je pourrai gagner un point sur vous, car je connais cette partie de ma profession et suis, dit-on, un assez habile anatomiste.

— Orgueil, orgueil, toujours orgueil ! murmura Balsamo.