Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/155

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qui détachera ainsi la tête d’un seul coup, et qui rendra l’anéantissement instantané, ce que ne fait aucun des autres genres de mort ; la roue, l’écartèlement et la pendaison sont des supplices appartenant à des peuples barbares et non à des peuples civilisés. Une nation éclairée comme la France doit punir, et non se venger. Car la société qui roue, qui pend ou qui écartèle, se venge du criminel par la souffrance, avant de le punir par la mort ; ce qui est trop de moitié, à mon avis.

— Et au mien aussi, monsieur. Mais comment comprenez-vous cet instrument ?

— Je comprends une machine froide et impassible comme la loi elle-même ; l’homme chargé de punir s’impressionne à la vue de son semblable, et parfois manque son coup, comme il est arrivé pour Chalais et pour le duc de Montmouth. Il n’en serait pas ainsi d’une machine, de deux bras de chêne qui feraient mouvoir un coutelas, par exemple.

— Et croyez-vous, monsieur, que, parce que ce coutelas passerait avec la rapidité de la foudre entre la base de l’occiput et les muscles trapèzes, croyez-vous que la mort serait instantanée et la douleur rapide ?

— La mort serait instantanée, sans contredit, puisque le fer trancherait d’un coup les nerfs qui donnent le mouvement. La douleur serait rapide, puisque le fer séparerait le cerveau qui est le siège des sentiments, du cœur qui est le centre de la vie.

— Monsieur, dit Balsamo, le supplice de la décapitation existe en Allemagne.

— Oui, mais par l’épée, et je vous l’ai dit, la main de l’homme peut trembler.

— Une pareille machine existe en Italie ; un corps de chêne la fait mouvoir, et on l’appelle la mannaja.

— Eh bien ?

— Eh bien, monsieur, j’ai vu des criminels décapités par le bourreau se lever sans tête, du siège où ils étaient assis, et s’en aller en trébuchant tomber à dix pas de là. J’ai ramassé des têtes qui roulaient au bas de la mannaja, comme cette