Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/160

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— Non, il dort.

— Comment, il dort ?

— Oui.

Chacun se tourna vers l’étrange médecin, que l’on prit pour un fou. Un sourire d’incrédulité passa sur les lèvres de Marat.

— Est-il d’habitude que l’on parle pendant l’évanouissement ? demanda Balsamo.

— Non.

— Eh bien, interrogez-le, et il vous répondra.

— Eh ! jeune homme ! cria Marat.

— Oh ! vous n’avez pas besoin de crier si haut, dit Balsamo ; parlez avec votre voix ordinaire.

— Dites-nous donc un peu ce que vous avez.

— On m’a ordonné de dormir, et je dors, répondit le patient.

La voix était parfaitement calme et faisait un contraste étrange avec la voix qu’on avait entendue quelques instants auparavant.

Tous les assistants se regardèrent.

— Maintenant, dit Balsamo, détachez-le.

— Impossible, dit le chirurgien en chef, un seul mouvement, et l’opération peut être manquée.

— Il ne bougera pas.

— Qui me l’assure ?

— Moi, et puis lui. Demandez-lui plutôt.

— Peut-on vous laisser libre, mon ami ?

— On le peut.

— Et promettez-vous de ne pas bouger ?

— Je le promets, si vous me l’ordonnez.

— Je vous l’ordonne !

— Ma foi, dit le chirurgien en chef, vous parlez avec une telle certitude, monsieur, que je suis tenté de faire l’expérience.

— Faites, et ne craignez rien.

— Déliez-le, dit le chirurgien en chef.

Les aides obéirent.